Vous êtes vous déjà baladée à bord de la ligne 3b du tramway parisien ? Non ? Il faut dire que ce moyen de transport est quelque peu en périphérie de la ville de Paris. Il fait le tour de la capitale mais n’entre jamais dans son coeur. Il est en marge. Un peu exclu.

Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Moi si, un peu.

 

 

Cette ligne a été mise en service le 15 décembre 2012. Et je ne sais pas si vous avez remarqué, mais elle a un petit quelque chose quand on la regarde… un truc qui nous fait dire « Tiens. Elle est bizarre cette ligne. »

Elle a beaucoup de portes ? Certes.

Mais elle a beaucoup de femmes surtout. Neuf exactement. Dix si on se dit qu’Épinette ça pourrait faire un joli prénom. Mais on dira neuf quand même. Sur vingt-six. Presque 35% donc.

Or il faut que vous sachiez quelque chose.

Sur les 302 stations du réseau métropolitain de Paris, seules trois portaient le nom d’une femme jusqu’en 2018. Et une seule portait uniquement le nom d’une femme : Louise Michel. Pour les deux autres, il y a Marie Curie accompagnée de son mari, Pierre sur la ligne 7. Marguerite de Rochechouart de Montpipeau, une religieuse aux côtés du républicain Armand Barbès pour la fameuse station Barbès-Rochechouard.

Une femme oui, mais que ça ne prenne pas la place d’un homme non plus.

Le 29 mai 2018, la station Europe a été rebaptisée Europe-Simone Veil. Histoire de faire passer le pourcentage de stations « féminines » de 0,99% à un symbolique 1,32%.

1,32% des stations du métro parisien portent le nom d’une femme. 0,66% d’une femme seule. C’est un peu agaçant quand même, non ?

Mais cela ne se limite pas aux transports. Si on regarde par exemple, les établissements scolaires en France, ça manque un peu d’originalité…et d’égalité.

Voilà une étude du journal Le Monde, qui, à partir de 67 000 noms d’établissement scolaires, a décrypté les noms les plus donnés.

Ici ceux des établissements du secteur public. Comme ça, vous pourrez lancer une petite devinette ce soir au dîner.

Alors, vous aussi vous êtes allée à l’école Jules Ferry ?

 

En ce qui concerne les rues, le bilan n’est pas beaucoup plus positif.

Sur les quelques 6.000 voies que compte Paris, environ 300 portent le nom d’une femme contre environ 4.000 pour les hommes. 300 sur 6.000, 5% donc. (Pour voir la liste complète, cliquez ici)

Sur l’ensemble de la France, en 2014, ce chiffre tombait à 2%.

C’est pour toutes ces raisons que dans la nuit du 7 au 8 mars 2019, le collectif « Nous toutes » a rebaptisé 1400 rues parisiennes afin de leur donner des noms de femmes.

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Mais alors que s’est-il passé sur la ligne 3b ? 

C’est un peu comme si tout à coup, quelqu’un s’était dit après plus de cent ans de coma profond « OUPS, on n’aurait pas oublié quelque chose ? » tout en se dépêchant de fourrer tous les noms de femmes qui lui passaient par la tête sur la ligne 3b du tramway.

Séverine, Adrienne Bolland, Delphine Seyrig, Ella Fitzgerald, Rosa Parks, Colette Besson, Diane Arbus, Angélique Compoint, Marguerite Long et Honoré de Balzac. Ah non, pas lui. Lui, on sait pas ce qu’il fait là, tout seul. Seul homme de la ligne. Les quotas peut-être. Allez savoir.

La 3b, une ligne de transport avec un nombre de noms de femmes plus élevé que celui d’hommes donc.

Ne serait-ce pas simplement que les choses changent ?

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, la Mairie de Paris a inauguré en 2019, la rue Antoinette Fouque, une militante féministe. Depuis 2011, environ 140 artères de la capitale ont été baptisées au féminin. Il s’agit là d’une vraie décision politique de la part de la Mairie de Paris : 75% des noms proposés, sont ceux de femmes afin de favoriser les noms de femmes dans l’espace public.

 

C’est une bonne chose. Mais parfois, c’est un peu bizarre. À l’image de cette place Olympe de Gouges, autrice de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791, qui est en fait… heu… un arbre.

 

Paris, 3ème arrondissement.

 

Dans le reste de la France, le mouvement suit. Que ce soit à Toulouse  à Rennes (qui rappelle judicieusement qu’un Homme sur deux est une femme) ou … ailleurs on présume, des rues au nom de femme fleurissent doucement.

L’égalité dans les rues ? On dira que c’est quand même en bonne voie.

 

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Sources :

Wikipedia

L’étonnant palmarès des noms d’écoles, de collèges et de lycées en France.

À Paris, nous toutes rebaptise 1400 rues avec des noms de femmes.

Seulement 2% des rues françaises portent le nom d’une femme.

À Paris, seulement 5% des rues portent le nom d’une femme

 

Article par Sophie Astrabie.