Le 28 février 2019, l’Académie française adoptait un rapport préconisant la féminisation des noms des métiers. Avec la Coupe du monde féminine de football et les « attaquante« , « défenseuse » ou encore « gardienne de but« , le débat est relancé.
« Ça va, ce n’est qu’un mot. »
Avez-vous déjà entendu cette phrase, alors que vous tentiez de reprendre quelqu’un sur un terme ? On parie que oui. Or si l’on part du principe que les mots sont l’extension de notre pensée, la féminisation des termes, ce n’est pas qu’un mot.
D’ailleurs, n’est-il pas plus facile de féminiser « actrice » que « cascadeuse » simplement parce que c’est plus facile à imaginer ?
Et si c’était l’inverse ? Si on l’imaginait parce que le mot existait ? Et si le simple fait d’imaginer, nous ouvrait la possibilité, le droit silencieux de se l’autoriser ?
Car après tout, puis-je être quelque chose qui n’existe pas ?
Les mots, instrument du pouvoir.
Prenons le mot « autrice« , ce mot qui fait mal aux oreilles alors qu’institutrice, ça va.
En 1611, il fait son entrée dans un dictionnaire. Il est même utilisé dans la presse ou encore dans les registres administratifs de la Comédie Française. À cette époque, « l‘éducation féminine se développe et une nouvelle génération de femmes de lettres fait son apparition » explique Aurore Evain, chercheuse spécialisée dans les études théâtrales et l’Ancien Régime.
Mais avec la création de l’Académie française par Richelieu (1634), il est décidé qu’auteur n’admet pas de féminin. Le mot disparaît donc au moment même où son emploi est le plus justifié. Coïncidence ?
Mais revenons à la Coupe du monde.
Le comité d’organisation a fourni une brochure destinée à « accompagner la communication autour de la Coupe du monde féminine. » Le football au service d’un changement de mentalité ?
Sorry Richelieu.