Lundi, c’était le blue monday. Même si cette histoire vient une fois de plus d’une publicité, il faut bien reconnaître que ceux qui ont eu cette idée, n’ont pas eu totalement tort. 

Le troisième lundi de janvier, c’est un lundi, déjà. Et le lundi ne serait pas vraiment un problème, s’il n’était pas précédé d’un dimanche voyez-vous. Mais les choses sont faites ainsi et la vie est trop courte pour mener à bien ce genre de combat. 

Le blue monday, c’est le troisième lundi du mois, aussi. Ce qui veut dire qu’il y en a eu deux avant – et oui, perspicacité, toujours – et je ne sais pas si vous vous souvenez mais, quand vous étiez enfant, si votre mère disait “je compte jusqu’à trois” à trois, habituellement, sa patience avait atteint ses limites. Et nous aussi finalement. Quand le lundi nous fait le coup de se pointer trois fois en janvier, on est à bout.

Et puis janvier donc. Le mois qui réussit l’exploit d’être à la fois le plus proche et le plus éloigné de Noël. Le plus proche de notre dernier découvert et le plus éloigné du prochain foie gras. 

Le mois qui nous donne l’impression d’être en mars alors que non, on est toujours en janvier.

Le mois qui nous fait dire que finalement, la vie ne passe pas si vite.

Le mois qui commence l’année mais qui nous donne envie d’en finir. 

Mais aujourd’hui, c’est jeudi. Jeudi 23 pour être précise. Ce qui veut dire que vous n’avez sûrement plus d’argent. Là vous vous dites, “pas grave, le mois est bientôt fini” mais figurez-vous que non. Ce n’est MÊME pas le dernier jeudi du mois.

Voilà comment au détour d’une réflexion personnelle sur mon application bancaire, j’en suis arrivée à me demander “mais qui sont ces gens, qui sont riches”. Et pourquoi moi, mon blue monday dure une semaine.

C’est là que l’on m’a parlé d’Angus Deaton, prix Nobel d’économie. Angus, bien qu’il ait un prénom de vache anglaise, n’est pas fou. (BFM TV, sort de ce corps)

Quand beaucoup d’économistes parlent de l’indice Big Mac (Si un Big Mac coûte 1€ en Chine et 3€ en France, c’est que le coût de la vie est trois fois plus élevé en France), lui préfère parler de comportement individuel. Si le Big Mac coûte 3€ en France, peut-être est-ce parce que la demande est moins importante qu’en Chine. 

Mais ce qui m’a surtout amenée à m’intéresser à Angus, c’est son affirmation-à-peine-accrocheuse “le salaire de bonheur optimal est de 5500€ par mois”. Pour en arriver là,il est parti de l’idée que, lorsqu’on est riche, gagner 1€ de plus apporte moins de satisfaction que gagner 1€ de plus lorsqu’on est pauvre. 

En fait, pour lui, plus le salaire augmente, plus l’utilité supplémentaire est supérieure à la précédente : en gros, on est content de gagner plus. Mais on est moins content de gagner plus à 5500€ qu’à 1500€. Autrement dit, on est moins heureux de passer de 5500€ à 5501€ que de 5499€ à 5500€.

Si certains disent “sky is the limit”, Angus lui affirme que “5500€ is the limit” et il faut dire qu’actuellement, the sky ou 5500€ pour moi, c’est à peu près la même chose. Mais bon, l’état de mes finances personnelles n’est peut-être pas le sujet de cet article. 

Le sujet, il me semble, c’est qu’en sachant cela, on peut se questionner sur ce qui nous comble aujourd’hui versus ce qui nous comblait quand on gagnait moins d’argent. Effectivement, mes fins de mois aujourd’hui ressemblent étrangement à mes fins de mois d’il y a 5 ans. N’avons-nous pas cette tendance étrange de toujours dépenser ce que l’on a ? Si bien sûr.

C’est en formulant cette phrase que j’ai pensé à deux choses.

La première c’est que je ne savais plus très bien si je parlais de mon compte courant ou de notre planète.

La seconde c’est qu’en 2019, les ventes de produits alimentaires ont reculé de 1,4% dans les supermarchés. Car les français préfèrent consommer moins, mais mieux. 

Il est donc possible de consommer plus, comme il est possible de consommer moins.

Alors peut-être, sommes nous sur la voie de quelque chose de nouveau.

Quelque chose où 5500€ ne veut rien dire. Ni “the sky” d’ailleurs. Juste “The Earth” et notre raison. 

 

 

 

 

Article rédigé par Sophie Astrabie.