Septembre.

Le mois où les réminiscences de l’été viennent se mêler à un quotidien qui a toujours été.

Une recette, toujours la même, celle du sable au fond des sacs et des feuilles brunes aux pieds des arbres. Le goût de nos habitudes que l’on avait presque oubliées : le pain de notre boulanger, le thé que l’on boit au petit-déjeuner, le plastique du stylo que l’on se surprend à mâcher. La sensation d’une nouvelle robe qui effleure notre peau salé et celle des chaussures sur nos pieds qui ne se souvenaient plus d’avoir un jour été enfermés. Le bruit discret de la couverture d’un agenda, le énième de notre vie, que l’on plie pour la première fois.

La rentrée a un arôme. Une odeur particulière. Un mélange d’ancien et de neuf. Un mélange de tout ce qu’on a toujours été et de tout ce que l’on pourrait bien être.

Chaque année, on écrit avec application la date de la rentrée en haut à droite d’une feuille de papier. Une feuille vierge. Le premier jour d’une vie qui a commencé depuis bien longtemps.

Cet été, j’ai lu beaucoup de livres et j’ai écouté de nombreux podcasts sur le parcours d’hommes et de femmes de tout horizon. J’en ai tiré 5 choses que je voudrais ne pas oublier.

 

 

 

1. Accepter sa “nullité”.*

En devenant adulte, le processus d’apprentissage disparaît de nos vies. On apprend toujours… mais on est loin des révolutions que l’on a connues enfant avec la lecture, le vélo ou une nouvelle langue. 

Parfois on est nul mais on ne l’est pas longtemps car rapidement, on décide de changer de domaine. On fuit cette nullité du débutant. Et c’est étrange cette fuite, n’est ce pas ? Car en CP, personne ne s’est jamais dit  “Tiens, je suis trop nul pour apprendre à lire, je laisse tomber”. Alors que pourtant, nuls, on l’était parfaitement. On confondait le “p” et “b”, on était incapables de  savoir à quel moment arrêter un “m” et si on arrivait enfin à prononcer un mot, la plupart du temps, on n’en comprenait pas le sens.

Être “nul”, oui, et alors ?

Être nul et l’accepter, c’est la base libératrice de tout commencement. 

 

 

2. Il faut se connaître pour prendre des décisions.

J’ai longtemps trouvé la prise de décision difficile. Toutes les décisions. Aussi bien la démission d’un CDI que le choix d’un plat sur une carte. À tel point, que petit à petit, j’ai fait en sorte de ne plus en prendre aucune. C’était un cercle vicieux. Moins je prenais de décision, moins j’avais envie d’en prendre. 

Pour me rassurer, je me disais que la prise de décision était une question d’entraînement, une habitude à reprendre. Comme tout finalement. Moins on fait, moins on sait faire. 

Sauf que ce n’était pas exactement ça.

Cet été, quelqu’un m’a dit que pour savoir ce que l’on veut, il faut savoir qui l’on est. Et ça a beaucoup résonné en moi.

Qui sommes-nous ? Comment ne pas s’oublier entre les différents rôles de nos vies : salariée, compagne, mère, fille, soeur ? Comment ne pas s’effacer dans ce rapport permanent que nous avons aux autres ?

En avoir conscience semble le premier pas. (Re)décider, pour soi, le deuxième. 

 

 

3. Savoir et connaître.*

J’ai longtemps cru que ces deux mots étaient de simples synonymes. Alors que pas du tout.

Savoir, c’est ce que l’on me dit.

Connaître, c’est ce que j’ai vécu.

Et faire cette différence est cruciale. 

On peut vous aider, vous conseiller, vous dire de “ne pas faire les choses de cette manière car…” cela ne vous empêchera pas de faire. Vous saurez mais vous trouverez difficile de ne pas faire, quand même.

Si faire est le seul moyen de connaître, alors il est facile de s’autoriser l’échec. Puisque l’échec devient un apprentissage.

C’est aussi simple que l’exemple suivant. Un jour, j’ai voulu être designeuse. J’ai donc appris à utiliser Photoshop. Aujourd’hui je ne suis pas designeuse. Mais je sais utiliser Photoshop.

 

Cela va sembler cliché, mais dans le vie, le plus important ce n’est pas la destination, c’est le voyage. Un voyage c’est aller d’un point A à un point B. Le point A, c’est savoir. Le point B, c’est connaître. Au milieu c’est l’expérience. Et c’est déjà un but en soi.

 

4. Ce que l’on apprend dans un domaine, fonctionne aussi pour un autre domaine.

Cet été, vous êtes allé à la plage. Une des consignes que vous avez sans doute le plus entendue, c’est que si vous êtes pris dans un courant marin, surtout, il ne faut pas chercher à se débattre.

Bon. Okay. Mais maintenant, le mois de septembre est là et les seuls grains de sable encore accessibles se trouvent dans la litière de votre chat.

À priori, pas vraiment d’occasion d’utiliser ce conseil.

Sauf si. 

Sauf si, on imagine que certains mécanismes de la vie sont potentiellement applicables à d’autres domaines. Peut-être que de manière générale, si on sent une force puissante qui cherche à nous faire prendre une direction, il faut l’accepter.

 

5. Faire la liste de tout ce que je dois faire pour échouer.

Souvent dans la vie, nous faisons des listes. La fameuse “To do” dont chaque ligne est si agréable à rayer. Nous faisons des listes pour tout, mais principalement des listes des choses qu’il faut faire pour accéder à notre but. Le pianiste Yaron Herman, lui, fait des listes de tout ce qu’il doit faire pour échouer.

Cela semble évident mais souvent dans la vie, rien n’est plus pertinent que l’évidence. Il faut parfois noter les choses logiques pour qu’elles s’ancrent plus efficacement en nous.

Voici par exemple, le début de ma liste pour un de mes projets.

Travailler moins.

Aller plus sur les réseaux sociaux.

Croire que je suis la meilleure.

Croire que je suis la plus nulle.

Regarder ce que font les autres et me comparer.

Ne pas agir par peur d’échouer.

Repousser les choses que je trouve les plus dures à faire.

 

Voici mes 5 apprentissages. Et vous, quels sont les vôtres ?

 

 

Sophie Astrabie

 

*Podcast Do it Yourself avec Yaron Herman