L’autre jour, je marchais dans la rue. Il était quinze heures, c’était un mardi, quand j’ai vu un homme lambda, en train d’uriner contre un mur. Et je me suis dit tiens, quelle folle hypocrisie de la vie encore. Car un homme n’a pas BESOIN de faire pipi contre un mur. Il peut très bien faire pipi contre rien. Et s’il fait pipi contre un mur, ce n’est pas pour dessiner des fleurs ou des smileys. Non, s’il fait pipi contre un mur, c’est pour, se cacher. Et c’est bien connu : de dos, on disparait.
Il y a donc une sorte d’acceptation tacite qu’un homme puisse faire pipi dans la rue et que c’est pas bien, mais que ce n’est pas non plus choquant. Une sorte d’accord social pour se dire “okay quel porc mais bon”.
Est-ce que vous avez déjà vu un homme à peu près normal, faire pipi dans la rue en pleine journée ? Moi oui.
Est-ce que vous avez déjà vu une femme, à peu près normale, faire pipi dans la rue en pleine journée ? Moi non.
Je me suis mise à réfléchir à toutes ces choses que les hommes font et que nous les femmes ne faisons pas. Ma première pensée était de me dire que la raison à tout ça, c’est que ça ne collait pas avec la personnalité, avec l’attitude des femmes. Mais si on accepte de se dire que tout ce que l’on sait, c’est parce qu’on nous l’a appris… que reste-t-il de nos croyances ? Qu’est-ce qui se fait et qu’est-ce qui ne se fait pas ?
Tenez. S’il avait été décidé, que l’endroit le plus intime de notre corps, c’était nos oreilles ? Alors il faudrait que l’on achète des cache-oreilles, et il y aurait des grandes marques réputées pour fabriquer les meilleurs cache-oreilles du monde, des cache-oreilles qui respecteraient la courbe de nos lobes. Des cache-oreilles fabriqués en France, dans une usine créée en 1832 dans le Périgord et qui souffrirait de plus en plus de la mondialisation. Il y aurait tous types de cache-oreilles mais les plus audacieux d’entre nous, auraient des cache-oreilles ajourées, en dentelle. Il y aurait des égéries qui nous expliqueraient que “moi pour mes oreilles ? j’ai choisi Doré. Avec Doré, je vis sur mes deux oreilles”. Et parfois, en pleine nuit, à cause d’une insomnie, on craquerait sur un cache-oreille hors de prix.
Ça vous parait fou ? Oui un peu, c’est vrai. C’est dingue les choses auxquelles on peut penser sous sa douche tout de même.
Mais finalement, n’est-ce pas exactement ce qu’il se passe avec nos seins ? Un jour quelqu’un a décidé que les hommes pouvaient se mettre torse nu, que “okay-quel-porc-mais-bon” et que nous les femmes, “désolé mais ça ne sera pas possible”. Sûrement une idée de videur de boite nuit d’ailleurs, si vous voulez mon avis.
Et voilà. C’était parti. On s’est mise à cacher ces seins que l’on ne saurait voir.
Pour me prouver à quel point les choses sont hypocrites, j’ai feuilleté mon code pénal celui-ci même qui est rangé dans mon Google. Et j’ai trouvé ceci :
“Selon l’article 222-32 du code pénal français, l’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est passible d’une peine d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Mais dans les faits, cela ne s’applique pas à la plage où les seins nus sont tolérés.”
Vous savez ce que ça veut dire ? Ça veut dire que les seins nus sur du goudron, c’est non. Mais que les seins nus sur du sable, allez, accepté.
Bien sûr que j’exagère. Mais sachez que je ne baladerai plus jamais sans mon petit sac de sable, au cas où l’envie subite de me désapper me prenait. Après tout, c’est quoi une plage ? Puisqu’un sein, c’est avant tout une question de taille.
Article rédigé par Sophie Astrabie