Il y a quelques années, une amie me disait : “tu ne peux pas comprendre, toi tu es en couple”. On avait 25 ans. Elle était célibataire et cela faisait environ 5 ans que moi, j’étais avec mon copain.
Que répondre à ça ? Rien bien sûr. Alors je me suis mise à réfléchir. Certes j’étais en couple, mais si ça s’arrêtait demain ? Alors je ne serais plus en couple. Comme elle.
Comme elle, je repartirais à zéro.
Je me suis rendue compte qu’une seule journée – et même une simple minute – pouvait séparer un état d’un autre. Je me suis dit qu’elle et moi, nous étions bien plus proches dans nos situations, que nous ne semblions l’être. Car il ne suffit pas d’avoir fait beaucoup de chemin. Parfois la destination est un cul de sac et c’est comme si nous n’étions jamais partis.
Je la regardais sans oser rien dire. “Je ne pouvais pas comprendre”. Ce que je comprenais tout de même, c’est que la seule chose qui pouvait m’arriver c’était la rupture, quand elle, c’était de rencontrer quelqu’un. J’ai beaucoup pensé à ça. Nous sommes et puis nous ne sommes plus. Nous ne sommes plus et puis nous sommes. Et c’est au moins aussi vertigineux que rassurant.
L’autre jour, j’ai écouté l’épisode 95 du podcast de Bliss Story. L’histoire, c’est celle d’Alison, une femme de 32 ans qui raconte être tombée enceinte de son copain à 18 ans et avoir mené sa grossesse à terme, seule. Quelques années plus tard, elle est à nouveau enceinte de ce même garçon avec qui elle espère que tout finira par s’arranger. L’amour du lycée par excellence en somme : un peu naïf, super intense et bien souvent, pas du tout adapté. Du coup, ça ne s’arrange pas. Alison touche le RSA, elle travaille pour payer la nounou qui garde ses enfants, elle se bat mais le combat n’est pas simple. Vraiment pas simple.
Son histoire est incroyable, cette fille est incroyable, mais je vous laisse écouter l’épisode. Tout ce que je peux dire, c’est qu’un jour, elle décide de lancer une marque de tee-shirt spécial allaitement alors que tout le monde lui dit que c’est un idée de merde. Tout le monde sauf une personne (une certaine Marine tout aussi incroyable, il faudra aussi que je vous en parle )qui lui donne le contact d’une fille qui produit des turbans dans une usine portugaise.
C’est le seul début d’histoire qui s’offre à elle.
Un “vas-y fonce” au milieu de nombreux “ça ne marchera jamais” et un numéro de téléphone.
Ça me fait penser à ce que je fais quand j’ai un week end de prévu quelque part et que la météo de mon iPhone annonce qu’il va pleuvoir. Je cherche toutes les météos jusqu’à en trouver une qui montre ce que j’ai envie de voir : un rayon de soleil. Évidemment, quand j’y parviens, je dis à tout le monde qu’il va faire beau.
Et c’est peut-être ça qu’il faut faire parfois. Chercher la seule personne qui nous offre un rayon de soleil. Même s’il faut chercher longtemps.
Alison a téléphoné. Puis elle a pris un billet d’avion pour le Portugal. Puis elle a fait réaliser un prototype. Et puis plein d’autres choses que je vous laisse découvrir. Aujourd’hui, sa marque est une référence des vêtements d’allaitement.
Un jour ça marche et un jour ça ne marche pas. Un jour il pleut et un jour il fait beau. Un jour on touche le RSA et puis un jour on peut payer un salaire à des gens. Rien n’est fixe, rien n’est défini. Presque rien, parfois, ne sépare un état d’un autre.
L’idée de votre prochain succès n’existe peut-être pas encore. D’ailleurs, la situation qui fera émerger cette idée n’existe sans doute pas non plus.
Mais rien, rien ne peut arriver, tant qu’on cherche le soleil au milieu des nuages.
Article écrit par Sophie Astrabie.